Gwiskan texte

Gwiskañ

Foisonnants, les costumes de Bretagne portent avec eux une somme d’évolutions variées et d’influences diverses. Ils se déclinent au gré d’une mosaïque de zones géographiques internes à la Bretagne, aux contours souvent rythmées par ses reliefs ou ses cours d’eau. De cérémonie ou de travail, ils se modifient au fil du temps individuel et collectif.

Depuis l’enfance, je garde en moi l’éblouissement des matières et la fascination du détail pour ces costumes portés par des membres de ma famille, à travers différentes générations. J’ai en mémoire les cheveux tirés pour pouvoir positionner la coiffe, la chaleur des couches de velours superposées, l’incandescence des couleurs.

Ce projet photographique s’est tourné vers ceux pour qui le port de ces vêtements s’incarne encore de nos jours, notamment au sein des structures associatives des cercles celtiques. A l’occasion de championnats ou de festivités, j’ai ainsi suivi l’activité de ces différents groupes, avec une attention particulière pour les jeunes danseurs impliqués.

Les gestes d’habillage des générations passées se rejouent ici pour se réinventer dans les arrière-salles de nos lieux contemporains, créant ainsi de nouveaux rituels. Une certaine tenue du corps s’installe, au fur et à mesure que les tissus s’ajustent sous les différentes mains qui s’entraident et se relient entre elles.

Cette série s’attache tout particulièrement au temps en dehors de la représentation publique. Temps suspendu des préparatifs, des répétitions, de l’attente. Dans ce cérémonial où se chuchote la méticulosité du geste, ces images tentent de s’approcher de la vie intime du costume et de son porteur, des liens qui s’activent entre les étoffes et les corps. Participant à la gestuelle des danses et aux interactions entre les individus, les costumes viennent enfin laisser deviner la vie de mouvement qu’est celle du groupe et de ses membres.